Lutte contre le frelon asiatique

Le frelon asiatique est un redoutable destructeur de notre biodiversité. Un nid consomme en une année plus 150 000 insectes de 300 espèces différentes, soit 11 kg d’insectes par nid ! Un seul nid de frelons asiatiques actif en année N est en théorie à la base d’une dissémination de 30 nouveaux nids en N+1, 900 en N+2 et 27 000 en N+3, etc… Ces chiffres expliquent pourquoi le frelon asiatique a conquis une grande partie du territoire européen.

En outre, les statistiques le démontrent, le frelon asiatique (appelé aussi frelon à pattes jaunes) est un insecte qui se développe à 80 % dans des zones urbaines et péri-urbaines. C’est pourquoi sa proximité des habitations et son agressivité représentent un réel risque pour l’homme. En saison estivale ses piqûres sont un danger omniprésent pour les enfants, les personnes âgées et les professionnels des espaces verts.

Nid Primaire

En hiver les reines hibernent, mais au printemps dès les premières douceurs (température >13°), elles sortent de leur hibernation et construisent un nid primaire à moins de 3 mètres de hauteur, dans un endroit abrité : une cabane de jardin, sous une gouttière, un garage, derrière un volet, sous un toit, un nichoir à oiseaux, une cabane pour enfants…

(nid primaire trouvé sur un jeu d’enfant à Trébeurden)

Pendant cette période et jusqu’à début mai, elles recherchent elles-mêmes de la nourriture et sont seules à assumer la survie de la colonie jusqu’à la naissance des premières ouvrières, 45 jours après la ponte. Si vous voyez voler un frelon asiatique entre le 15 février et le 1er mai, c’est cette reine fondatrice qui est en train de bâtir et nourrir son nid primaire!  C’est donc le moment crucial pour aider la biodiversité, c’est-à-dire la piéger.

Une reine s’absente du nid pour aller chercher de la nourriture dans les arbres en fleurs voisins, tels des camélias, mais elle y revient toutes les 30 minutes pour nourrir ses larves. C’est pourquoi, la politique de Trébeurden est de demander aux habitants de disposer dans leur jardin pièges et appâts qu’elle met à leur disposition.

Nid Secondaire

En été la colonie abandonne ce nid primaire et crée un nid secondaire qui peut atteindre 1 mètre de hauteur et 80 centimètres de largeur.

(nid secondaire dans un arbre à Trébeurden)

Il sera situé au sommet d’un arbre ou bien en basse altitude, dans une haie, un regard d’eaux pluviales, un coffret EDF, un abri de jardin, des broussailles… Il représente un grand danger pour ceux qui ne remarquent pas sa présence : un jardinier qui taille une haie ou un enfant qui joue peut facilement le déranger. Cette colonie sera chaque jour plus dangereuse et belliqueuse à l’approche du nid, rappelez-vous que le frelon asiatique est très agressif, bien plus que son cousin européen, il attaque dès que l’on s’approche à moins de 5 mètres de son nid.

Il est inutile de tenter de piéger la reine qui ne sortira plus jamais de ce nid secondaire et elle pondra sans arrêt autant de larve qu’un piège capturera de frelons ouvriers, sa colonie montera jusqu’à 2000 à 3 000 frelons et de nouvelles reines y seront élevées. Ces dernières seront 300 en moyenne, chacune capable de construire dans la même zone une nouvelle colonie au printemps de l’année suivante. Heureusement, seuls environ 10 % y parviendront.
Le nid se nourrira principalement d’insectes,  une colonie en consomme environ 150 000 par an de 300 espèces différentes, dont les abeilles domestiques. Mais également de déchets qu’il trouvera dans nos composts, de fruits laissés à terre au pied d’arbres fruitiers, voire directement dans les étalages des marchés, etc.

Malheureusement, l’abeille domestique fait partie de ses mets prisés. En vol stationnaire devant l’entrée de la ruche, le frelon asiatique attend le retour d’une butineuse peu agile, car chargée de nectar et de pollen. Il l’attrape en vol, puis la démembre pour l’emporter vers son nid et nourrir ses larves.

L’impact négatif sur la pollinisation et la biodiversité du frelon asiatique est donc phénoménal.

Ce nid secondaire ne sera jamais colonisé l’année suivante, mais abandonné il s’autodétruira durant l’hiver : chaque colonie de frelons construit son propre nid.

Ce nid secondaire devra être détruit avant l’automne.

Le piégeage des frelons asiatiques et la destruction des nids sont deux techniques très différentes, mais totalement complémentaires pour atténuer la pression de ce prédateur envers la biodiversité.

 

Dispositif à Trébeurden : Piégeage de printemps et destruction des nids

 

Piégeage de printemps

À Trébeurden notre politique est d’organiser une campagne de piégeage de printemps des reines frelonne. La municipalité met à disposition des habitants des pièges et des appâts et dès que le printemps arrive ils sont disposés dans les jardins par ces piégeurs volontaires, directement dans le garde-manger des reines notamment les camélias en fleur, les arbres en fleur proches d’anciens nids et à proximité des nids primaires.

Ces pièges seront retirés début mai, dès que les autres insectes tels que les frelons européens, guêpes, bourdons et mouches butineuses (syrphes) commencent à être capturés en nombre. L’opération est à renouveler l’automne par les apiculteurs.

Cette campagne de piégeage de 2022 a démontré son efficacité, car 1826 reines ont été piégées entre mars et mai.

En outre,

  • alors que le nombre de nids détruits sur la commune était en hausse constante de plus de 52 % entre 2017 et 2021,
  • que le même chiffre étaient en nette hausse entre 2021 et 2022 sur l’ensemble du département, avec des hausses de 150 % sur certaines communes ;

En 2022 le nombre de nids détruits baissait de 7 % à Trébeurden. La seconde campagne de printemps a été lancée le 30 mars 2023 avec succès.

Pourquoi rencontrons-nous cette réussite ? Parce que notre méthode de travail est innovante.

  • Premièrement nous avons fait appel à vous les trébeurdinaises et trébeurdinais, et vous avez répondu en masse parce que la menace est devenue un enjeu de politique écologique. Non seulement vous avez adhéré à notre politique, mais également des résidences secondaires qui ont laissé libre accès à leurs jardins aux piégeurs.
  • Ensuite, parce que nous avons étudié les matériels disponibles et nous avons décidé de changer les anciennes habitudes.
    • Nous avons en effet définitivement rejeté le système de piège-bouteille parce que c’est un remède pire que le mal. Il ne permet pas de sélectionner les frelons, mais au contraire il attrape tous les insectes. Pour notre biodiversité bretonne qui souffre également de la prédation des frelons, le piège bouteille c’était la double peine.

    • Nous avons donc acheté des pièges qui facilitent la sélection des prises et nous les avons remis aux piégeuses et aux piégeurs.
    • Mais nous avons consignés ces pièges pour les réutiliser les années suivantes et que l’ensemble coûte moins cher à la commune.
    • Nous avons également investi dans des dosettes d’appât spécialisé à base de plantes, non toxique pour l’homme. Cet appât sélectionne les prises, à l’inverse de l’ancien cocktail néfaste (sirop de fruit, vin blanc et bière) qui coûte également beaucoup plus cher.
  • Nous encadrons le piégeage par des dates correspondantes au moment où les reines sont en dehors du nid parce qu’elles élèvent et nourrissent elles-mêmes la première couvée de frelons ouvriers. Ce sont ces derniers que vous voyez voler l’été alors que la reine ne sort plus jamais de son nid. C’est pourquoi piéger toute l’année n’est pas efficace. Il faut piéger au printemps.
  • Nous organisons un comptage systématique et régulier des prises afin de suivre l’évolution de la présence des reines frelonnes. Après le top départ du piégeage, nous suivons semaine après semaine le nombre de reines qui sont prises et nous sommes attentifs à la prise d’autres espèces. Les reines frelonnes ont tendance à sortir d’hibernation avant d’autres insectes, par exemple le frelon européen, et nous arrêtons la campagne lorsque les autres insectes de la biodiversité bretonne réapparaissent.

Enfin nous travaillons en toute transparence. Nous restituons en réunion publique les résultats de la campagne. C’est-à-dire le nombre de reines prises et les lieux de la commune qui ont été particulièrement actifs. En fin d’année nous complétons ce résultat par des cartes indiquant le nombre et les lieux où les nids ont été détruits.

Parce que notre initiative et méthode étaient innovantes, Trebeurden est devenu la référence départementale citée par la presse. En 2023 près de la moitié des communes des Côtes-D’Armor ont décidé d’adopter la politique écologique de Trébeurden.

Le piégeage de printemps a démontré son efficacité, notre objectif est désormais de réduire la population frelonne sur la commune afin de diminuer son impact négatif sur la biodiversité et améliorer le cadre de vie des trébeurdinais. C’est pourquoi nous continuerons la campagne de piégeage de printemps les prochaines années.

Plus que jamais nous n’avons besoin d’une grande mobilisation de tous. Piéger dans son jardin au printemps, à proximité de camélia en fleurs réduira considérablement le risque de voir au cours de l’été des nids se développer à proximité de votre maison ou de votre terrasse.

 

Destruction des nids

Le piégeage des reines au printemps est complété par la destruction des nids primaires et secondaires en été et automne.

Aussitôt après avoir constaté la présence d’un nid primaire sur votre propriété, ne vous en approchez pas. Lorsqu’un nid primaire est détruit, la reine doit s’y trouver, sinon elle en reconstruira immédiatement un autre.  Ne vous approchez pas non plus d’un nid secondaire.

Dans les deux cas mais appelez la mairie qui dépêchera un agent communal chez vous.

Ce dernier sera chargé de faire les premières identifications et le suivi de la destruction. Il contactera la société spécialisée en charge de la destruction.

Le travail de cette entreprise sera payé en partie par la Mairie et le solde par vous-même. Cette procédure permet suivre statistiquement l’état de prolifération de l’insecte.

Si vous identifiez un nid primaire ou secondaire sur la voie publique, l’intégralité de la destruction est prise en charge par la municipalité.

 

Frelon Mâle ou Femelle?

Mâle ou Femelle ? Il est important de savoir si l’on a capturé une reine dans un piège.

La réponse se décline en différences faciles à retenir !

  • Le mâle est plus petit que la femelle
  • Le spécimen, a-t-il deux petits ronds jaunes en bout d’abdomen, côté ventral ?
    Si oui, c’est un mâle ! Voir la photo ci-dessous !
  • Les antennes ont-elles une allure arrondie ou bien rectiligne ?
    Arrondie pour les mâles, plutôt rectiligne pour les femelles !
  • Les antennes sont-elles constituées de 10 anneaux ou bien de 11 anneaux ?
    10 anneaux, c’est une femelle, 11 c’est un mâle !
  • A-t-il un dard ou n’en a-t-il pas ?
    La femelle en a un, le mâle n’en a pas. Si vous êtes piqué, c’est une femelle !